Audience du camarade général Bourikov

Cette grande bête de général, tout en muscles, en machoire serrée et en calvitie scintillante, s'était présenté à son tour aux bureaux du ministère de l'Economie pour solliciter un entretien. Après un long moment durant lequel il avait pu consulter ses dossiers devant la porte du bureau ministériel, il avait pu être entendu.

- Bonjour Camarade ministre. Comment allez-vous ?

Comme vous le savez peut-être, j'étais jusqu'à récemment en mission dans l'ouest, afin d'inspecter les défenses de la frontière russlave et de parfaire l'entrainement de la brigade internationale merksiste. J'avais abandonné alors la direction des entreprises qui m'étaient confiées. je souhaite aujourd'hui demander une nouvelle affectation au ministère car je suis à nouveau disponible camarade.

L'armoire à glace valdiske faisait de grands gestes énergiques, comme à son habitude. Le tempérament sanguin du général était bien connu. La rangée de médailles agraffées à son uniforme vert olive cliqueta dans le silence du bureau du ministre. Sans doute pas par hasard : Bourikov, après avoir été chef d'Etat-Major et Président du Conseil, souhaitait sans doute faire valoir ses droits historiques en tant qu'aparatchik du régime.

Bounine fut étonné de voir apparaître sur son agenda le nom de Bourikov. Cela faisait bien longtemps que le Commissaire à l'Economie ne s'était pas posé la question quant au devenir de l'ancien Président du Conseil, il avait à présent sa réponse. L'ancien Chef d'Etat-Major, bien que toujours influent, n'impressionnait pas Bounine et ce pour une simple et unique raison : Drozdov. La Commissaire de l'Eriakov, alliée de circonstance, contrôlait à la fois l'armée et le CCP, et quand bien même le pouvoir de nuisance de Bourikov restait réel il n'était plus ce qu'il était. Cependant, Gueorgui Bourikov restait une figure importante du régime et il devait être traité avec égard et respect ; l'économie valdiske manquait par ailleurs de directeurs d'entreprises compétents et qui sait, le général se montrerait peut-être coopératif.

"Bonjour camarade-général. J'ignorais que vous étiez en mission dans l'ouest du pays, permettez moi de vous remercier pour votre investissement dans la sécurité du pays et dans celui de l'avenir de la Révolution. Comme vous le savez peut-être, nous avons entamé l'inspection de l'ensemble des entreprises implantées sur notre territoire. Ces enquêtes, on entraîné le remplacement d'un certain nombre d'équipes dirigeantes suite à la découverte de nombreuses.... irrégularités dirons-nous.

Bounine avait le sens de l'euphémisme, il ouvrit un dossier présent devant lui.

"Compte-tenu de la situation, votre proposition vient à point nommée. Valdrak Savonurgie Industries est à la recherche d'un nouveau directeur et avoir un homme aussi compétent que vous à la tête de cette entreprise me soulagerait. J'ignore le temps "libre" que vous laisse votre charge au sein des forces armées, mais si vous le souhaitez d'autres entreprises publiques peuvent être laissées aux bons soins de votre gestion."

La proposition du commissaire à l'économie était honnête et Bounine espérait bien que cette conversation amorcerait le début d'une longue et fructueuse coopération.

Le général s'efforcait de ne pas s'énerver face a Bounine. En tant qu'ancien général PVRiste et ancien Commissaire Général des Troupes Révolutionnaires le manque de déférence du ministre á son égard le faisait bouillir de l'intérieur. Bourikov contint cependant son égo et répondit de facon plus ou moins calme :

- J'aurai du temps, á n'en pas douter et j'accepte donc.

D'autre part, j'ai constaté dans les journaux le démantelement du portefeuille du "Violetskaya Armiya Sovkom" soit le groupe de financement de l'Armée Violette. Je crois que c'est un erreur camarade. J'avais crée ce groupe afin de fournir des revenus régulier á nos forces armées. Ce que vous etes en train de faire n'aidera pas la patrie de la révolution á se redresser ! Comment justifiez-vous cela camarade ?

Bounine estimait avoir fait preuve du plus grand respect, frôlant même l'obséquiosité à ses yeux, la réponse de Bourikov ne pouvait donc qu'exaspérer le nouveau commissaire à l'économie.

"Je n'ai pas à me justifier CAMARADE, dans tous les cas sûrement pas auprès vous. L'armée doit se consacrer sur une seule et unique chose : la préservation de l'intégrité du territoire de la République Populaire. Le temps quand l'armée contrôlait la laiterie du coin ou l'usine qui produit les micro-ondes poldèves est terminé. Les temps ont changé CAMARADE, et comme dans l'ordre naturel des choses il faut savoir s'adapter..."

Le PVR avait été trahi, par le passé, par l'armée, laquelle contrôlait aujourd'hui la moitié de l'économie du pays. Le temps était venu de remettre cette institution à la place qui devait être sienne. Ainsi pensait Bounine.

Bourikov accusa le coup froidement. Il n'était pas dans son intérêt de faire trop de vagues en ce moment.

- Camarade, je n'en espérais pas moins. Faites comme bon vous semble, après tout, c'est devant le peuple et les troupes que vous aurez à vous justifier.
Les directions d'SE Reval et d'UACV m'intéresse si cela est toujours actualité.