Café Bezhoukov

Peshkov poussa la porte du café Bezhoukov. L'air froid de la rue envahis la pièce pourtant chaleureuse. L'endroit semblait assez huppé, avec de nombreuses bibliothèques aux murs et des boiseries au plafond, et assurement, l'ambiance y était plutôt a la réflexion qu'a la débauche alcoolisée. Cela convenait parfaitement a Peshkov, que la situation actuelle préoccupait fortement.

Un serveur l'amena jusqu'à une table :

- Qu'est-ce qui vous ferait plaisir monsieur ?
- Un café noir.

Le server reparti préparer la commande, Peshkov pris place dans son siège, fixant la porte en attendant son rendez-vous : Boris Koloskopy.

- Voyons ce que le nouveau commissaire général a la securité a a me dire...

Pensa Peshkov

Boris fit son arrivée aussi discrètement qu'il l'avait fait au sein du Bureau Politique du Parti. Il avait pris pour une fois le tramway, plutôt que la moins discrète voiture officielle avec sa plaque du MVR. Toujours en costume de fonctionnaire, il était presque méconnaissable parmi la foule des bureaucrates du quartier administratif de Maskva. L'espion était plutôt maigre, grand, quasi fil de ferrique, et son manteau de feutre pendait sur lui comme sur un cintre. Il chercha du regard Peshkov, lui fit un signe de la main et commanda trois cafés serrés, à la mode de Brevsk, avant de rejoindre l'homme politique.

- Re-bienvenue à Maskva camarade Peshkov. Je vois que vous avez déjà un café. Permettez que je vous en propose un deuxième. Nous aurons à parler quelque peu.

J'espère tout d'abord que vous soutiendrez les propositions du Camarade Hu. Je crois qu'il est le fer de lance de l'avant-garde révolutionnaire dont nous avons besoin en ces temps difficiles. je lui fait confiance pour redresser le Parti, le pays, et surtout la Révolution violetiste. Nous avions trop cédé aux ligueurs et aux réactionnaires de l'UCZ. Je vous fait également confiance pour redresser l'économie violetiste. Les camarades citoyens ont besoin de retrouver confiance en la voie tracée par le camarade Violet.

Je voulais donc sonder vos intentions sur les réformes à mener. Je n'ignore pas que Jo Tain a des projets au delà de ce qu'il a publiquement déclaré. Dès que le Bureau se sera mis d'accord, ces ambitions seront officialisées, notamment la proposition par le camarade Hu de vous nommer chef de projet du programme de réarmement de l'armée de terre violette et chef de projet du programme spatial.
Vous aussi avez de telles ambitions privées. Mon métier implique de connaître ce genre de choses. J'aimerai donc que nous discutions cartes sur table de ce que vous comptez faire pendant ce mandat, mais aussi de ce que vous envisagez pour un futur mandat. Je vous vois déjà Commissaire général aux Forces Armées, voire Commissaire Gouvernemental et secrétaire du Parti. Qui sait ?


A propos de l'Economie et du Plan, je comptais clarifier deux choses :
- Le MVR dispose d'un complexe militaro-industriel qui concerne la pointe des technologies violetistes. Je compte donc travailler en accord étroit avec vous, Hu, Bourikov et Kroutchov pour développer le programme de réalisations scientifiques promis. Hu veut montrer aux ténors de la Grande Alliance que l'URRV est un rival à leur taille. Les centres de recherche de Valmar, l'institut de recherche du MVR, seront à vos côtés, notamment le centre de recherche micronucléaire de Sverdlovsk sur la côte nord. Ce centre est un secret d'Etat qui produit depuis deux ans le combustible nécessaire pour la recherche sur la production d'énergie, mais aussi la production d'armes destructrices qui pourraient rayer Edoran et le Zollernberg le cas échéant. Les réacteurs qui équipent nos sous-marins nucléaires y sont produits. Dès Hu confirmé, j'ordonnerai à Valmar de faire construire un centre de recherche dédié aux technologies spatiales au sein de la ville interdite de Violetgrad, qui vous permettra d'avoir l'infrastructure scientifique nécessaire pour nous emmener dans l'espace et jusqu'à la Microlune, à l'abri des regards indiscrets. Vous bénéficierez également des soutiens de mes services pour installer notre base de lancement... en R.P. du Bangana. Le pays est situé proche de l'équateur. Nous y possédons une base et avons des relations étroites avec le gouvernement local.

- Deuxièmement, vous ne toucherez pas au Groupe Nova. L'enquête financière sera enterrée et seuls quelques hauts-fonctionnaires dont nous souhaitons nous débarrasser seront envoyés en cure de re-violetisation au Camp de Brevsk 1. Nova et ses filiales font partie du domaine du MVR et sont hors d'atteinte des commissariats généraux. Sachez donc que chaque fois que vous empruntez Norskflot ou que vous payez avec une carte Novabank ou Banque du Continent Sud, nous sommes là. En échange vous bénéficierez du soutien de ce réseau à chaque fois que vous vous déplacerez à l'étranger. Je veux que cet arrangement soit très clair et respecté.

Peshkov avait écouté attentivement son interlocuteur. Lorsque ce dernier eut terminé, il prit un gorgée de café avant de répondre.

- Bien, il y a plusieurs points à aborder.
Première, sur mon soutien au camarade Hu : sachez déjà que je m'oppose fortement aux méthodes que ce dernier a employé. Si je rejette les mesures réactionnaires de l'AD+, il n'en reste que je suis un fervent défenseur de la démocratie populaire, cette dernière étant peu compatible avec la dictature du parti qui semble faire son retour. Si le système étatiste actuel avait ses défauts, le système précèdent n'en était pas exempt pour autant. Je suis déjà lynché par la FOA et un certain nombre de syndicalistes qui m'accusent de trahison et craignent le retour des purges.
Si je dois apporter mon support à cette aventure, il va falloir m'apporter des gages de bonne foi, faire quelques ajustements...

Tout d'abord, je veux mettre en place un certain nombre de conditions au niveau du MVR lui même. Les capitalistes, je m'en fou, arrêtez les, déportez les, peu m'importe, mais au sein de notre camp, la FOA ainsi que les autres groupes gauchistes qui nous ont apporte leur support durant ces derniers mois sont hors d'atteinte. Idem pour les syndicats.
Ensuite, pour ce quoi est du parti, puisqu'il va être de nouveau au centre de la vie démocratique du pays, il doit permettre la tenue de débats libres; dans le cadre du centralisme démocratique évidement. Toute exclusion devra être justifiée par une violation avérée des statuts du parti, et validée par une commission disciplinaire ou les différents mouvements internes du parti seront représentés. Pour le moment, cette commission pourra être nommée, mais a l'avenir, elle serait idéalement élue.

Peshkov repris une gorgée de café pour observer la réaction de Koloskopy, mais ce dernier se montrait aussi expressif qu'une porte de prison.

- Pour ce qui est de mon programme économiques, je crois qu'avant de faire des réformes, il faudrait faire du ménage.

Le droit des sociétés de l'Union est d'une complexité sans nom. Entre exceptions, dérogation, et règles flou, le court passage aux affaires de l'AD+ a laissé libre cours aux montages les plus obscurs au bénéfices d'investisseurs étrangers.
J'ai dans l'idée qu'une clarification des statuts juridiques des entreprises, ainsi qu'une mise à jour du registre des sociétés serait un premier pas.

Une fois que nous aurons clarifié la situation, alors nous pourrons parler re-nationalisations, consolidation et réformes structurelles. Si le camarade Ho désire atteindre la microlune, il faudra qu'il puisse s'appuyer sur un complexe industriel puissant, électronique, informatique, nous avons pris beaucoup de retard dans beaucoup de domaines clé, c'est vers là que devrait se concentrer nos efforts.

Je ne vous cache pas qu'à long terme, j'ai pour désir de réformer en profondeur le système de planification lui même pour que le plan se construise de la base vers le sommet et non plus du sommet vers la base comme c'est le cas aujourd'hui.

Enfin... C'est ce que je ferais dans l'hypothèse où j'accepterai le poste de commissaire général que vous me proposez avec le camarade Hu...

Peshkov avait fini son premier café.

Koloskopy fit signe au cafetier de leur resservir une tournée. Quelques clients et employés surveillaient du coin de l'oeil la conversation des deux hommes.

- Camarade, Hu est un violetiste convaincu, mais surtout quelqu'un de raisonnable. Il sait les limite du Parti dans cette révolution. Le recours à la force pour garantir le retour des révolutionnaires au pouvoir n'est que temporaire. n'ayez aucun doute que l'UCZ aurait frappé bien plus fort que nous ne l'avons fait s'ils en avaient eu l'occasion. La FOA elle-même serait dans une fosse commune. Je vous renvoie ici aux classiques, notamment Machiavel, concernant cette question. Nous serions en train de discuter au fin fond du camp de Brevsk 1 ou six pieds sous terre sans le MVR et le PVV.

Le camarade Hu voit cette situation comme temporaire. Bientôt les partis seront appelés à une négociation pour déterminer les nouvelles règles du jeu démocratique de l'URRV, où les partis seront à nouveau libres de jouer leur plein rôle, avec une garantie de pluralité. Mes collègues se rendront d'ailleurs avec le Commissariat aux Affaires Micromondiales à Gornograd pour négocier avec la Russlavie, et la ré-autorisation des militants UCZ figurera dans la balance des négociations. Voilà à quel point le pluralisme reste dans nos plans. Nous vous laisserons également proposer au Bureau Politique les réformes sur les sanctions disciplinaires que vous proposez, réformes qui seront avalisées par nos délégués. Vous serez libre de quitter le gouvernement si cela n'est pas respecté à votre goût.

Vous aurez toute liberté d'action, dans la limite des principes de Vladimir Violet bien évidemment, pour les réformes économiques. Du moment que la PPV et ses bras armés de VALMAR et du groupe Nova restent indemnes, vous n'aurez pas à nous craindre.

Que décidez-vous camarade ? Etes-vous avec ou contre le camarade Hu ?

Peshkov sourit devant l'invitation de Koloskopy a présenter ses propositions au bureau politique du parti. Il savait pertinemment que si hu et lui même soutenait officiellement la proposition, cette dernière serait acceptée, il comprit donc que le Poldève ne désirait pas s'impliquer publiquement dans ce débat. C'était de bonne guerre et globalement, le fait que Hu ne s'oppose pas directement a ces reformes était suffisant pour Peshkov.

Pour le reste, certes, il n'avait pas obtenu touts les gages qu'il demandait initialement, mais au final, pour le moment, Hu et lui même semblaient aller dans la même direction, et cette alliance avait des chances de fonctionner. Peshkov réfléchit une dernière fois aux alternatives qui s'offraient a lui, puis finalement, il tranchât.

- Camarade, je ne vous cache pas que les choses n'ont pas prises la tournure que j'espérais, mais je préfère faire contre mauvaise fortune bon cœur et accepter mes responsabilités. Je suis d'accord. J'accepte le poste de commissaire au plan et je vous soutiendrait au sein du bureau politique. Puisse notre collaboration sonner la fin du déclin pour l'union !

Peshkov serra la main de Koloskopy.

- J'espère que ne pas faire la plus grosse connerie de ma carrière, pensa-t-il.