Appartement de Svetlana Karamazov - 551, place Medjelev à Oorenburg

La commissaire du peuple de Brevsk accueillit le ministre modéré dans son modeste trois pièces de la place Mdjelev. l'appartement était modeste comparé aux standards des cadres du Parti, mais d'une taille respectable par rapport aux immeubles des nouvelles banlieues bondés de familles russlaves nombreuses, attirées par la perspective de bons salaires ou d'échapper plus simplement aux ravages d'un Etat russlave en faillite totale.
L'intérieur était relativement spartiate, mis à part de confortables tapis turcoses, ainsi qu'une vaste bibliothèque d'ouvrages ayant trait au violëtisme, au merksisme-luninisme ou à l'histoire du Valdisky et du Krassauerstein. Un thé fumant attendait son hôte sur une petite table basse au centre de la pièce de vie.

- Sois le bienvenu camarade Falsky. Du thé ?

Versant le contenu fumant dans un petit verre, Karamazov s'agenouilla sur le tapis. Un large portrait du Père de la Révolution, Vladimir Violët, trônait derrière elle.

- Camarade Boris, ta proposition de ralliement m'enchante vraiment. J'ai un besoin impérieux de cadres expérimentés, notamment en ce qui concerne mon futur gouvernement. Car oui, e suis intimement persuadée que nous allons vaincre lors de ces prochaines élections. Si tu acceptes de venir au PVR tu seras ainsi candidat pour le commissariat d'Oblast de Maskva et candidat à la députation. Pour un éventuel ministère, je pensait à toi pour les Gens d'Armes.

Mais laisse-moi d'abord de décrire plus en détail mon programme immédiat pour la République Populaire.
La Révolution a échoué. Non pas parce qu'elle a été battue par les éléments impérialistes, mais parce que l'embourgeoisement des classes dirigeantes l'a endormie; Il faut réveiller la révolution et réveiller le peuple. Je commcençerai par prendre des mesures radicales de reprise de contrôle politique des différents organes de l'Etat, avec les purges qui seront nécessaires pour assainir le Parti et ces organes. Toutes les entreprises privées seront renationalisées et les spécialistes étrangers ou valdisks travaillant dans le privé inspectés et expulsés ou rééduqués.

D'autre part, la Révolution merksiste internationale ne peut s'arrêter aux frontières du Valdisky. Nous avons rejoint la Poldévie et le Méniro merksiste, mais bien d'autres peuples attendent les lumières de Violët. J'envisage dans un premier temps de reprendre le contrôle, via des moyens militaires s'il le faut, de la Russlavie. Au moins l'est pour commencer et ne pas trop froisser les edoranais.
Ainsi nous libérerons les camarades du PMLR de l'anarchie et restaurerons la Russlavie merksiste des temps glorieux de Medjelev. Nous y gagnerons par la même occasion plusieurs millions de moujiks et de camarades du Parti afin de renforcer notre économie et nos troupes révolutionnaires.

Si nous voulons affronter réellement les puissances impérialistes et grigonter peu à peu leur influence sur le Continent Nord, il nous faudra bien ces quelques millions d'hommes et de kilomètres carrés pour nous garantir une assurance vie contre les aventures militaires zollernoises ou edoranaises !

Voilà donc mon programme camarade Boris : le merksisme, tout le merksisme, rien que le merksisme.

Svetlana, restée calfeutrée chez elle pour la soirée, accueillit avec délectation cette compagnie qui la changerait un peu des sbires baraqués et moustachus que le comicté central du PVR lui avait attribué comme gardes du corps. L'appartement de la rue Medjelev avait été transformé en un véritable camp retranché. Des militants armés de revolvers et de fusils gardaient jalousement la porte du rez-de-chaussée ainsi que les balcons à l'étage. Galina et la leader -- La "Vojdka", le Guide, comme l'appelaient maintenant les plus fanatiques de ses partisans -- du PVR s'étaient installée dans un coin du salon, à l'abri des fenêtres et de tous les angles de tirs possibles. La tension dans l'immeuble était palpable. La rue elle-même résonnait de bruits étranges de heurts, de klaxons et de sifflements. Tous le pays était dans l'expectative : qu'allez-t-il se passer dans les prochaines heures ?
D'un ton rassurant, Karamazov expliqua la situation à sa responsable de l'Eriakov.

- Tu dois certainement te demander ce qu'il se passe ici ma chère Galina. Je suis désolé d'avoir dû cacher en grande partie ma stratégie de conquête du pouvoir et de rétablissement de la véritable Révolution, mais tout ceci devait rester sous le sceau du plus grand secret afin de réussir. Falsky lui-même n'était pas au courant alors qu'il est Commissaire du Peuple, enfin était, comme moi.

Oui, ne le savais-tu pas ? Le Camarade président Gorilov a dissous le Conseil des Commissaires. Comme si cela allait arrêter la Révolution en marche !
Mais passons.

J'ai réussi à faire monter la pression sur Gorilov, Litovski, Van Ijmeer et leur clique de ploutocrates repus d'argent et de privilèges en organisant manifestations et émeutes, en soulevant le Peuple. Maintenant ces imbéciles sont acculés par leurs propres partisans et vont se mettre à paniquer : ils ont déclenché l'Etat d'urgence et se sont mis à l'abri au sein du Palais Volker. Mais le Peuple est avec nous. Et avec cela, deux atouts de maître : le camarade Général Bourikov et ses collègues militaires vont rallier une partie de l'Armée Violette à notre profit, tandis que la PPV devrait jouer en notre faveur également. J'ai chargé Bourikov de lier un accord entre eux et nous : la PPV menait depuis longtemps des enquêtes politiques pour connaître les résultats futurs des élections. Quand Koloskopy a compris que la courbe de popularité du PVR ne cesserait de monter, inéluctablement, il s'est laissé convaincre de travailler pour nous ! Un vrai opportuniste celui-la...

Mais nous devons nous montrer prudents, comme tu peux le constater ici avec tous ces partisans armés. Les MVistes et les modérés gardent encore de la ressource tant qu'ils tiennent le Palais Volker et ils constituent toujours une sérieuse menace. ils vont sûrement essayer de reprendre le contrôle des forces de sécurité, puis du pays.

Karamazov fit alors une pause pour boire le thé qu'on leur avait apporté sur une petite table basse gravée des portraits du dahu Elhuu et d'Heidy Merks. La Vojdka en profita pour ordonner à son secrétaire de bien vouloir téléphoner au camarade commissaire Boris Falsky et de lui dire de se présenter à son appartement. Puis la politicienne reprit sa discussion avec Postestiskaya.

- Camarade Postestiskaya, aujourd'hui j'ai besoin de toute ta loyauté, ton zèle et ton courage. J'ai besoin de la révolutionnaire d'élite que tu es. En tant que secrétaire du Parti pour la section de l'Eriakov, tu devras joindre Eriagrad, ameuter les Jeunes Gardes Violets et tous les militaires de la 2ème Armée que tu pourras et prendre, par la pression populaire ou par la force, les centres de pourvoir à Eriagrad. Pendant ce temps je me chargerai de Brevsk et Valdrak avec le camarade Falsky.

Camarade Postestiskaya, acceptes-tu cette mission au nom de la glorieuse révolution du prolétariat valdisk ?