Visite policière chez Krasstek Valdisky

L'inspecteur divisionnaire Kronski était passé acheter des billets d'avion pour le Krassland au comptoir d'Air Lusch à l'aéroport de Maskva dans la matinée. etant arrivé fort tôt, il avait pu faire vite, la queue étant réduite. Voyager sur la compagnie krasslandaise et sous un faux nom avec un passeport sorabe devait lui permettre de passer relativement inaperçu. Mais l'avion attendrait demain. L'après midi serait consacrée à ses investigation. Il avait téléphoné la veille à la direction de Krasstek pour convenir d'un entretien concernant leurs comptes. L'interlocuteur, un krasslandais visiblement, n'avait pas posé de problème. Visiblement la visite d'un agent de la PPV n'avait pas le même effet sur les étrangers, pensa Bronislav.

Aussi prit-il la direction de l'Eriakov avec son UAV de la PPV remotorisée. Le moteur vrombissait sur la route nationale désertée (la majorité des citoyens n'avaient pas de permis pour posséder une voiture et de toute façon le train de la régie valdisque était bien meilleur marché pour le travailleur moyen). Après un arrêt rapide dans une station Savogaz pour se restaurer, l'inspecteur parvint jusqu'à lusine Krasstek en début d'après-midi.

L'air du parking était glacial. Les quelques camions et les rares voitures dans l'énorme complexe industriel trahissaient une production ralentie avec la crise industrielle de ces dernières années. Ce qui était pendant un temps la plus grande usine de composants électroniques du continent nord était quasiment à l'arrêt.
Bronislav claqua la porte de l'UAV et se dirigea vers la guérite du gardien. L'homme de faction ronflait, assommé par une dose visiblement massive d'alcool.

- Hé camarade ! Réveille-toi ! Je veux parler au directeur. Quelle direction ?

- Hurpppp... Mgnnn ? Hoooo, désolé camarrrrrade floplicier... Je... Là-bas, le rubeau de dzirection... mes srepects mon zrommandant...

Le poivrot n'était visiblement pas en état de lui petre utile de quelque façon que ce soit, aussi l'inspecteur longea les différents hangars pour parvenir enfin à un petit bâtiment de briques brunes. Kronski s'arrêta devant la porte pour fumer une de ses cigarettes de tabac brun bon marché eriake avant de pousser la porte. Deux grosses voitures noires, des berlines krasslandaises, étaient garées devant le bloc, seul signe que le groupe Krasstek était propriété de l'Etat krasslandais. Sa cigarette terminée, Kronski s'apprêtait à se saisir de la poignée de porte quand il fut bousculé par deux hommes à la mine patibulaire. "Des vétérans de la guerre russlave ?" s'interrogea le policier. Les deux gaillards s'éloignèrent vers l'une des berlines sans se retourner ni s'excuser.

- Peu importe se dit Kronski. Voyons-voir ce que les gradés de Krasstek ont à nous dire...

Mais Kronski fut accueilli par un long cri. Un long cri aigu de femme qui provenait du fond d'un long couloir. Le bureau d'accueil été vide, Kronski nota du regard l'endoit où se situait le téléphone pour plus tard, avant de se précipiter, arme au poing, dans le couloir. Au fond de celui-ci, après avoir passé une douzaine de portes de bureaux tout à fait identiques, se tenait ce qui devait être une des cadres de l'entreprise, couverte de sang. Kronski bouscula la femme terrorisée pour pouvoir passer son buste dans le bureau qu'elle fixait avec effroi.

"Herr Milton Kruggmann. Direktor." lisait-on sur le petit panneau. Herr Kruggmann ne risquait pas d'apprendre grand-chose d'interessant à Bronislav. Il avait visiblement un gros trou de mémoire, du type dont on ne se relève pas, calibre .45. Une projection vermeille parcourait la carte du Krassland punaisée derrière lui. Kronski rangea son arme. Il fallait qu'il appelle des renforts. Et surtout qu'il se rende au Krassland. Visiblement il ne s'était pas trompé de piste.