Arrivée de la diplomatie du "Sud-Ouest Démocratique"

Pour la plupart des étrangers, le Valdisky paraissait austère et froid. Il n’y avait comme couleurs guère que le rouge et le violet, symboles du régime, ainsi que le vert et le bleu des uniformes des militaires et des membres de la Police Politique Violëtiste (PPV). Mais, à côté des nouveaux arrivants, les Valdisks aussi colorés que des Pryans portant une chemise à fleurs. Un douanier se chargea de faire patienter les diplomates du Sud-Ouest Démocratique en attendant l’arrivée d’un haut-dignitaire.

La direction collégiale du Parti et de l’État avait permis d’éviter une totale désorganisation et une période d’anarchie pour la prise du pouvoir, mais elle rendait la prise de décisions encore plus lente qu’elle ne l’était déjà.

Les douaniers avaient prévenu le siège du Parti, et on envoya finalement le plus haut membre du Parti depuis le décès de Tsierneko, Stanislav Brindsky, un modéré, Commissaire général aux Forces Armées et Premier Secrétaire adjoint du PVV.

Durant le trajet, Brindsky en profita pour relire le rapport de la PPV au sujet du Territoire du Sud-Ouest. Né de l’anarchie qui avait suivi la disparition de l’Empire de Belondor, le Sud-Ouest Démocratique était un état merksiste qui venait de sortir d’une guerre civile. Les membres du Bureau Politique avaient décidé qu’il était naturel d’ouvrir des relations et de faire du SOD un allié et un ami, et les autorités de ce dernier avaient pris de vitesse la lente bureaucratie valdiske en envoyant un émissaire.

Brindsky arriva toutefois rapidement à l’Aéroport de Maskva, à bord des traditionnelles berlines noires UAV. Il descendit en grimaçant, à cause de la pluie, et se dirigea rapidement vers Vardzy Knol. Portant fièrement son badge rouge de membre du Bureau Politique, la seule couleur qui ressortait de son costume, il salua les diplomates, et en particulier le chef de la délégation du Territoire.

- Camarade Knol, mes salutations merksistes les plus cordiales. Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue en République Populaire du Valdisky. Je suis ravi de recevoir les représentants du Sud-Ouest Démocratique, un nouveau pays merksiste et, je l’espère, un nouvel allié et ami. Je vois en la création de votre nation le signe de la réussite de la Révolution merksiste micromondiale.

Le Commissaire invita la délégation à monter dans les berlines, direction le Palais Volker...

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Sans paraître nullement indisposé par les tristes conditions météorologiques, le ministre et ambassadeur territorien Knol répondit à ce message de bienvenue d'un ton neutre et en faisant grise mine, il avait en outre une voix monocorde, et soulignait cependant légèrement chaque mot scolairement :

- Salutations merksistes, Camarade Brindsky. Merci pour l'impeccabilité de cet accueil et félicitation du cadre impeccablement fonctionnel de votre nation. C'est en frère merksiste que nous sommes venus saluer, et la mémoire de feu le Premier Valdisk, et la grande puissance merksiste qui est la vôtre. Puissent nos deux pays sceller leur alliance, et développer leur amitié. Nous aussi sommes fidèles à l'Idéal de la Révolution mondiale.

Les Territoriens s'engouffrèrent en silence dans les grandes automobiles noires aussi funéraires que rutilantes.

Le trajet leur révéla l'harmonie socialiste d'un pays en paix. Tout en méditant mystérieusement le contraste valdisko-territorien ainsi que leur mission diplomatique, ils se prirent à rêver à ce qu'une vie si "normale" - un cadre froid et fonctionnellement socialiste ; des paysages urbains aux immeubles proprement alignés, et aux places dédiées à la grandiloquence statuaire du réalisme merksiste - fût un jour aussi celle du Sud-Ouest Démocratique.

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