Arriée de la Vojdka au Palais Volker

Slalomant entre les monticules de pneus à demi brûlés et les chars de la Troisième Armée stationnés là, la colonne de berlines sombres UAV qui conduisait la Vojdka jusqu'au coeur du pouvoir valdisk progressait lentement. Le long des grands boulevards de la capitale, calcinés par une énième révolution, les foules de Jeunes Gardes Violets et de simples citoyens saluaient joyeusement la nouvelle guide de la Révolution. Svetlana les saluait avec sang froid, consciente que son rôle de guide l'avaient renforcée dans sa stature, et qu'elle se devait d'adopter encore davantage la stature du commandeur.

Seuls quelques gardes de la PPV, épuisés par les incessants combats, et les huissiers du Palais l'attendaient dans l'enceinte présidentielle quand Svetlana descendit de son véhicule. Elle fit tout de suite signe à ses proches acolytes et aux Gardes Violets qui assuraient sa protection de courir immédiatement prendre le contrôle du bâtiment. Toute la documentation et les secrets du Palais Volker devaient rester intacts.

Bien entendu, le bureau de Gorilov, partiellement vidé de ses effets les plus importants, était vide de toute présence. Karamazov caressa longuement le bois riche et laqué de la vaste table qui avait connu tous les Président du Conseil de la République Populaire, puis se tourna vers la fenêtre. Voici ce que ressentaient donc les conquérants après avoir terrassé leur ennemi ?

Svetlana appela ensuite son secrétaire personnel pour lui donner ses nouvelles directives :

- Appelez-moi Falsky et Postestiskaya ici. Qu'ils prennent tous deux le premier train pour Maskva. Nous avons beaucoup de travail en perspective. Faites mander ma soeur également. J'ai besoin d'elle pour rédiger un document.

La Vojdka accueillit les deux commissaires PVRistes en silence, dans le vaste bureau qui était maintenant le siens. Tournée vers la vaste baie vitrée donnant sur la Place Violette, elle paraissait méditer en regardant s'éteindre un à un les brasiers de la ville. Les autorités avaient repris le contrôle des rues dorénavant, et les services de la PPV et les sapeurs de la sécurité civile reprenaient leur travail en nettoyant la ville des reliquats de ces journées animées.

Karamazov avait changé d'apparence. Vêtue d'une austère chemise de travail col Mayo, elle était la figure du Violêtisme même. Certains auraient dit une réincarnation de Vladimir Violët lui-même, droite, austère, regardant vers l'horizon comme si elle scrutait l'avenir.

La Vojdka finit par briser le silence d'une voie posée et ferme.

- Ne vous réjouissez pas trop tôt camarades. Nous ne sommes qu'à la première phase de ce grand dessein du violëtisme qu'est la Révolution Micromondiale. Nous voici aux commandes de sa nation phare, mais tout reste à réaliser.

Se tournant vers ses deux plus hauts dignitaires du régime elle pointa du doigt Falsky d'abord, puis Postestiskaya.

- Camarade Falsky, vous serez nommé commissaire général au Plan, le nouvel équivalent du ministre de l'Economie, ainsi que commissaire général des Affaires Micromondiales. J'ai de grands espoirs en vous quant à la réforme globale du système économique vers une plus grande et stricte application des principes violëtistes. Les pouvoirs de l'argent et les entrepreneurs privés étrangers n'ont que trop perverti le système jusqu'ici. Il faut que cela change.
Vous oeuvrerez également à modifier la structure économique du pays et des nations merksistes amies en faveur d'une industrialisation et d'une orientation favorable de la production en direction de l'armement et de l'approvisitionnement des troupes révolutionnaire. Cela nous sera nécessaire dans l'entreprise de Révolution Intermicronationale.

Quant à vous, camarade Postestiskaya, vous dirigerez le commissariat des Affaires Sociales et de la Propagande. Vous dirigerez également le commissariat central à l'Edification Violëtiste des masses. Trop peu a été fait pour diffuser la doctrine violëtiste, que ce soit dans les médias intermicronationaux ou dans les rues et les centres sociaux locaux. Je tiens à ce que chaque citoyen, fonctionnaire, ouvrier, soldat, consacre au moins une heure tous les soirs à l'étude politique de l'oeuvre des grands noms du merksisme-violëtisme, ceci afin que la société entière en sorte réformée.

La Vojdka, une fois ceci terminé, pénétra dans une pièce adjacente où l'on avait disposé une vaste table. Elle y déroula une grande carte de campagne du Continent Nord. Se saississant d'une baguette elle indiqua la Russlavie.

- Camarades, voici l'objectif. L'espace Panslave, ses milliers de partisans merksiste du PMLR, ses millions de moujiks prêts à servir la cause, ses satellites clients de notre puissance militaire et industrielle.
Je nommerai le camarade Général Gueorgui Bourikov commissaire du Commissariat Général des Troupes Révolutionnaires, sous al supervision directe du Conseil des Commissaires du Peuple. Je l'ai déjà missionné en Transvalachie pour activer la signature de l'alliance avec les PRLU. La question russlave est la plus urgente de toutes : le Polkovnik, qui travaillait dans l'ombre en notre faveur, je vous le rappelle, m'a constamment informé, via la DVM, des évolutions du terrain. Déjà les républicains capitalo-impérialistes et les théo-autocrates se massent à Murasibirsk et à Kalingrad pour reprendre en main l'empire. Cela ne doit pas arriver !

Pointant avec la baguette Tobolsk, la Vojdka pousuivit d'un ton encore plus grave et sentencieux :

- Il nous faut de toute urgence déclencher l'insurrection préparée depuis des mois. Le PMLR est fin prêt, que sa direction soit d'accord ou pas : nous lui avons déjà confié des masses d'armes et de formateurs en nombre suffisant pour écraser toute opposition. Dans le pire des cas, préparez-vous à une déclaration de guerre en soutien avec leur République Merksiste sous 48 heures.

Enfin, mes dernières directives viseront le réarmement de la Révolution Violëtiste : j'ordonne et j'exige, au nom du triomphe du Violëtisme Révolutionnaire, que les coques de destroyers et de frégates pré-construites à Valgograd soient achevées en temps et en heure, que trois brigades blindées, une division d'infanterie et une division d'artillerie nouvelles soient formées, ainsi que cinq bataillons de parachutistes du génie. L'idée vient d'un rapport que m'avait remis le camarade Bourikov que j'ai trouvé excellent. prenez exemple sur ce camarades !

Camarades, rendez-vous demain soir pour le premier Conseil des Commissaires. Nous formaliserons alors notre prise du pouvoir et je jugerai de vos premiers projets de réformes révolutionnaires. Rappelez-vous que nulle place n'est acquise ici, et que je n'hésiterai pas un instant à démettre un serviteur du violëtisme qui aurait failli...

La Vojdka se tint coite quelques instants pour recueillir les commentaires de ses fidèles adjoints, puis rétorqua :

- Camarade Commissaire Galina, n'ayez crainte. Les MVistes iront au diable ou à ce qui y ressemble le plus dans les écrits de Violët : chez les impérialistes. S'ils restent au Valdisky, alors la PPV ne cessera d'avoir un oeil et une main sur eux. S'ils désertent chez les impérialistes, ils n'en seront que plus discrédités car ils se seront dévoilés en tant que traîtres au merksisme-violëtisme.

Le Peuple est avec nous, camarades, ne l'oubliez pas. Cela est notre légitimité, notre levier pour agir, mais aussi notre assurance que les minables pantins modérés resteront à la niche, comme ils ont toujours su faire. Notre destin est bien plus grands que leurs médiocres projets !